Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog d'un lecteur de philosophie

La mer et les Grecs

1 Juillet 2013

Les Romains appelaient la Méditerranée "mare nostrum". La mer était alors du genre neutre. Les Grecs disaient "Θάλασσα" ("Θάλαττα" en attique), genre féminin. La mer en général se disait "Πόντος" (masc.), "pontos" (d'où le Pont-Euxin, la mer noire), et "aequor" en latin ("surface plate, plaine, étendue", de "aequus", "égal"), et même les deux ensemble :


Tibi rident æquora ponti (Lucrèce)

Traduction :

"Les étendues de la mer te sourient."



La Méditerranée est alors calme. Tout le contraire de la "mare saevom", dont parle le poète Andronicus :


Namque nullum pejus macerat humanum,
Quando mare saevum. Vires cui sunt magnae
Topper confringent importunae undae. (Livius And
ronicus)

Traduction :
"Car rien ne fait plus souffrir l'homme que la mer cruelle (cf. "le mal de mer"). Les flots cruels brisent vite les forces les plus vigoureuses."


Reprise de l'Odyssée, VIII, v. 138 :

οὐ γὰρ ἐγώ γέ τί φημι κακώτερον ἄλλο θαλάσσης
ἄνδρα γε συγχεῦαι, εἰ καὶ μάλα καρτερὸς
εἴη.
"Je dis qu'il n'y a rien de plus terrible que la mer pour briser un homme, même s'il est très fort."


Andronicus est à lire sur Remacle : http://remacle.org/bloodwolf/tragediens/naevius/fragments.htm

Et Homère aussi : http://remacle.org/bloodwolf/poetes/homere/odyssee/livre8.htm

La littérature antique abonde en récits de naufrage.

Les Grecs ne pouvaient se passer de la mer, qu'ils aimaient plus que tout, malgré ses dangers, et où ils se sentaient chez eux. Xénophon a relaté dans l'Anabase ("la montée", le retour en Grèce) le cri devenu célèbre : "Θάλαττα ! Θάλαττα !" de l'armée des Dix-Mille apercevant la mer depuis le mont Théchês à Trébizonde (Turquie actuelle). Ce n'était que le Pont-Euxin ! Mais pour eux, c'était comme s'ils étaient déjà rentrés dans leur patrie.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article