Suite des conférences d'Onfray sur Godwin

Ecouté la suite des conférences d'Onfray, Godwin et le valet de Fénelon. On parle un peu plus de la doctrine dans cette conférence que dans celle d'hier, suivant la méthode d'Onfray : commencer par la biographie du philosophe, car le philosophe est d'abord un corps, qui souffre et qui jouit, ce qui n'est pas sans influence sur sa pensée. Onfray se réclame de Montaigne et de Nietzsche, qui a conceptualisé cette méthode. 

Onfray ne voit pas en Godwin le premier des anarchistes, mais un précurseur des utilitaristes, Stuart Mill entre autres. Contrairement à la morale kantienne, héritée du christianisme, la morale utilitariste considère la fin de l'action morale. Le christianisme regarde l'intention pour juger d'une action morale. Ce qui veut dire aussi que la morale utilitariste demande beaucoup d'attention pour juger de la finalité des actions, tandis que la morale chrétienne est plus simple d'application. Par exemple, le valet de Fénelon. Godwin juge que si le château de Fénelon flambe, et qu'on a le choix entre sauver Fénelon (une sommité de la littérature de son temps) ou son valet, il faut sauver Fénelon, car il est plus utile à l'humanité. Le christianisme, lui, considère que tous les hommes sont égaux (idée reprise à la Révolution dans la Déclaration des Droits de l'homme). Godwin juge aussi, suite à cet exemple, qu'autrui est plus important que moi. Il me rend heureux quand je vois son bonheur. Je dois donc penser au bonheur des autres avant le mien. 

Lu ensuite Pierre Hadot, Qu'est-ce que la philosophie antique ? A la période chrétienne, la philosophie grecque devient une théurgie, comme le christianisme, c'est-à-dire qu'elle a besoin d'une intervention de Dieu, même pour une union mystique. D'où les prières, alors que chez Aristote, le penseur n'avait pas besoin de cette action divine pour s'élever vers l'Un. Hadot raconte aussi qu'Aristote servait alors de préparation éthique pour les disciples avant de recevoir l'enseignement plus spirituel des dialogues platoniciens, pour lesquels il y avait une véritable exégèse. Proclus fut un des meilleurs commentateurs de Platon, il influença profondément la Renaissance et surtout, chose peu connue à mon avis, le romantisme allemand.

Godwin et Aristote (buste du Louvre)