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Le blog d'un lecteur de philosophie

Bentham le Jivaro, conférence d'Onfray

4 Décembre 2012

Ecouté hier la suite des conférences d'Onfray, session 2006-2007. J'en étais resté à Godwin. Cette fois, le philosophe abordé fut Jeremy Bentham. Enfant surdoué, latiniste à 4 ans, musicien de chambre à 5 ans, diplômé de droit à 16 ans, il refusera un temps d'entrer à l'Université, pour ne pas avoir à signer la charte anglicane. On n'a pas tout lu de Bentham, il reste beaucoup de ses manuscrits dans des caisses. Son oeuvre est confuse et répétitive.

Du point de vue de la morale, c'est un conséquentialiste, ce qui signifie qu'il considère la fin de l'action pour juger de sa valeur. Il faut se demander si une action est utile ou pas. Par exemple, la sanction est-elle utile dans sa forme actuelle ? "Philosophie d'épicier", dira Marx.

Quoi qu'il en soit, Bentham est étonnamment moderne sur plusieurs sujets, notamment le panoptique, un projet de prison révolutionnaire qu'il tentera en vain de faire voter en France par l'assemblée, verra adopté par le parlement anglais, puis abandonné, sans doute par inimitié du roi Georges III dont il avait démoli un article publié anonymement dans la presse. Le principe de ce système carcéral est que les gardiens voient les prisonniers sans être vus d'eux.

Il tentera également de construire une école utilitariste (Onfray emploie le mot "chrestomatique"), dont le but est de former les élites libérales de l'Angleterre. On ne doit selon lui enseigner que ce qu'il est utile aux élèves de savoir, sans effort intellectuel excessif (on peut y voir les conséquences personnelles de son enfance prodige) et avec le minimum de dépenses. 

A la fin de sa vie, il investit dans l'expérience de New Lanark (où j'ai dormi une nuit lors d'un voyage en Ecosse), un phalanstère industriel où les ouvriers travaillent moins, participent aux bénéfices et possèdent leur maison. 

Il meurt seul, pour éviter à ses proches de voir son agonie, le spectacle de la mort étant inutile. Il demande, en échange du legs de ses biens à l'université, que l'enseignement de la religion soit supprimé et, souhait plus inattendu, à être momifié, sa tête coupée et réduite (d'où le titre de la conférence, le Jivaro, du nom de cette tribu amazonienne qui procédait de même avec les têtes), posée à ses pieds, son corps placé dans une armoire qu'on ouvrira pendant les réunions de l'Université. Il parait qu'on peut encore le voir aujourd'hui.

Jeremy Bentham, Tête Jivaro

Bentham le Jivaro, conférence d'OnfrayBentham le Jivaro, conférence d'Onfray
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