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Le blog d'un lecteur de philosophie

Civilisation grecque, de Jacob Burckhardt

3 Décembre 2012

Lu hier un peu de Civilisation grecque, cette fois de Jacob Burckhardt, début du tome II, consacré en grande partie à la religion. Ce livre est une série de notes de cours, il n'est pas construit comme un vrai livre (construit un plan assez lâche), l'auteur n'ayant jamais voulu le publier. Dommage, on y aurait gagné en clarté, les exemples auraient pu être réduits et ramassés aux plus significatifs, mais il nous permet au moins de retrouver la parole du professeur, tel que Nietzsche, qui était un de ses plus fervents auditeurs, l'entendit. 

Dans la partie que j'ai lue (première pages du tome II), il est question des dieux grecs et de la religion de ce peuple. L'idée fondamentale de Burckhardt, est que la Grèce a su tenir en respect toutes les tentatives de monothéisme, toute domination du clergé, tout pessimisme religieux. Les orphiques et les Pythagoriciens, plus tard Platon, n'ont jamais pu ne serait-ce qu'entamer la croyance dans le plus petit dieu. Je me suis souvenu de Nietzsche, disant que le platonisme était quelque chose d'impensable pour un Grec, que c'était une monstruosité. Il tient donc cette idée de Burckhardt (comme beaucoup d'autres idées chez Nietzsche, qui ne citait pas ses sources). 

Ensuite, Burckhardt nous explique une autre particularité grecque, les métamorphoses.  Pour les Grecs, l'âme demeurait dans le corps après la mort, l'au-delà n'a jamais été chez eux l'objet de croyance sérieuse. C'est resté une idée très vague. Cette croyance de l'âme viendrait des plus anciens cultes (on enterrait les morts dans la maison), ces cultes trouvés sur place par les peuplades qui se sont installées dans ce qui allait devenir la Grèce. C'est un naturalisme religieux qui croit que tout est vivant dans la nature, que tout a une âme, et que l'âme d'un corps peut passer dans un autre. Il ne s'agit pas de transmigration des âmes, de métempsychose, le pythagorisme ou son successeur, le platonisme, n'ayant eu qu'une influence tardive et dérisoire sur les croyances grecques. C'était soit une transfiguration, il s'agissait de donner la vie éternelle (ou une très longue durée de vie, comme pour les Nymphes) à des héros et héroïnes ayant bien mérité, soit une punition, souvent la pétrification. 

Lu ensuite Pierre Hadot, la philosophie grecque comme philosophie pratique appuyée par le discours rationnel. Si les philosophes Grecs ont choisi de conceptualiser leur pensée, ce fut pour mieux ordonner leur vie. Même les Cyniques, qui fuyaient toute discursivité, avaient une réflexion sur la différence entre nature et coutume, étroitement liée à leur mode de vie. Hadot rappelle combien les préceptes stoïciens et épicuriens étaient à apprendre par coeur et à répéter jour après jour. Ainsi Marc Aurèle, grâce à ses Pensées, pratiquait un exercice quotidien visant à se remémorer les conseils des stoïciens.

Photos : Nymphes par Nicolas Poussin, et Narcisse par Caravage.

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